• « Faire et décider à la place de quelqu’un, même pour son bien, c’est agir contre lui. »

     

                 Ce matin, le secteur maternelle de l’ICEM (représenté par Christian, Muriel et Sylvie) était au rendez-vous pour aborder le thème de l’émancipation dès deux ans et demi.

     

               Très vite, il nous a été demandé de réfléchir à l’objectif premier quand nous mettons en place la pédagogie Freinet.

                     L’émancipation est restée le maitre-mot. Mais s’émanciper de quoi ?

                  Il s’agit de se libérer de ses représentations et donc de permettre aux enfants de faire l’expérience des libertés fondamentales à savoir : la liberté d’expression, la liberté d’agir et la liberté de circuler ; tout cela grâce au terreau constitué par la classe.

     

                   Une fois que ce postulat est posé, l’enseignant-e doit réfléchir aux conditions qui permettront de mettre en œuvre ces libertés tout en ayant les contraintes du programme, matérielles, spatiales…

     

               Au début, quand les élèves arrivent à l’école, ou dans une nouvelle classe, nous sommes face à une organisation sociétale (personne ne se connaît, tout est implicite). L’idée est, petit à petit, de créer une organisation communautaire (environnement explicite, auto-régulation du groupe). Il est donc primordial de laisser le temps.

     Rappel des principes fondamentaux pour mettre en place une pédagogie Freinet :

    -       le respect du développement de l’enfant,

    -       le respect de ses capacités,

    -       et enfin le respect de sa disponibilité (envie ou pas envie de faire telle ou telle chose)

    En effet, il faut bien avoir conscience que la liberté de faire implique la liberté de ne PAS faire, ce qui peut être plus facile à vivre et à accepter quand nous suivons nos élèves sur plusieurs années.

            De plus, dans la vision de Célestin Freinet, un enfant qui arrive à l’école est déjà un être sachant.

     

            Les intervenants rappellent que tous ces principes sont à adapter en fonction de nous, de nos envies, de nos limites mais aussi du contexte dans lequel nous enseignons. Cependant nous devons tendre vers ces fondamentaux.

     

             Pour Christian Rousseau, il s’agit d’une pédagogie ergonomique. Il faut penser à chaque détail dans la classe afin que les élèves puissent jouir de ces libertés essentielles mais aussi pour faire en sorte que l’enfant ne soit pas dépendant de l’adulte.

             Il ajoute ensuite : « Quand on laisse faire, on favorise les interactions. », rappelant l’importance du collectif chez Freinet.

     

    PS : Prendre le poste de direction semble être une bonne stratégie quand on est un-e enseignant-e Freinet. Cela nous offre la possibilité de proposer des projets en accord avec nos valeurs et de transformer l’environnement scolaire petit à petit.

     

    PS 2 : Pour les enseignant-e-s qui ont des classes de petite taille, essayez de penser les couloirs comme des espaces de travail.

     

    La liberté de s’exprimer par l’entretien du matin et les présentations

    Le quoi de neuf ?

    Il permet aux enfants d’avoir une place dans le groupe en tant qu’être social, d’exister et d’être dans une situation de communication (échanges). Il offre un premier projet émancipateur pour les enfants car ils ne sont plus dans l’immédiateté. Ils sont dans l’anticipation.

    Il y a différentes façons de pratiquer le quoi de neuf :

    - Certaines discussions génèrent beaucoup d’échanges et d’autres non. L’enseignant prend en note ce que les enfants pensent savoir, apporte des éléments le lendemain puis constitue avec eux une affiche. Cela génère une nouvelle posture pour les enfants, ils vont anticiper et apporter de la matière au quoi de neuf ?.

    - Tous les matins, après l’accueil, chaque enfant est sollicité pour participer au quoi de neuf. Chaque prise de parole est suivie de 3 interventions.

    L’activité doit être répétitive, ritualisée. Ce qui intéresse les enfants, c’est ce qui se passe dans la journée.

    Les enfants peuvent prendre en charge le quoi de neuf : bâton de parole, maître du quoi de neuf… Le maître est le garant du fonctionnement et du respect de la règle.

    Ce qui est présenté peut-être support de travail : « Qu’est-ce que ça va nous apprend ce que tu nous présentes ? »

    Quand on met en place quelque chose de nouveau, beaucoup d’enfants passent par une dimension symbolique (répétition). Ensuite une parole plus personnelle va se détacher. Le quoi de neuf va se complexifier au fur et à mesure. Certains enfants ne parlent pas au quoi de neuf, laisser du temps, voir s’ils participent sur d’autres temps de parole. On peut mettre en place un tableau pour voir qui parle peu, beaucoup. Ecouter les enfants peu bavards dans des moments informels pour ensuite leur proposer d’intervenir lors du quoi de neuf. Si les enfants qui ont de grosses difficultés prennent la parole, le groupe est là pour les aider, pour reformuler… Ce n’est pas parce que certains enfants ne parlent pas qu’ils ne sont pas actifs. L’enseignant doit créer des espaces et des temps qui favoriseront leur prise de parole.

     

    En quoi le quoi de neuf est émancipateur ?

    Pas de hiérarchisation des présentations, les mettre au même niveau. Le quoi de neuf permet d’apprendre aux enfants à parler d’eux. Il y a ensuite interaction avec le groupe. Cela permet de poser sa culture et d’aller vers la culture de l’autre : c’est l’émancipation. L’émancipation se construit aussi par la culture de classe qui émane du quoi de neuf. Le quoi de neuf est une prise de risque, l’enfant se montre aux autres dans un cadre sécurisant.

     

    Les activités de création et les présentations

    Le texte libre : un temps pour écouter, un temps pour écrire en dictée à l’adulte et un temps de présentation. Le fait de devenir auteur est émancipateur. L’enfant présente son texte et son dessin puis le maître relit ou souffle à l’oreille. A force de présenter, les enfants se souviennent de mieux en mieux. Il y a des remarques suite aux présentations (cohérence, suite…). Pour que ça fonctionne, le texte libre demande un temps long. Les enfants peuvent commencer par l’histoire ou le dessin. Cette activité doit être menée régulièrement. Le temps de présentation est le moment où l’enfant voit l’effet produit par son texte. Les activités de création (peinture, bricolage, textes libres…) ne vont vivre que par ce temps de présentation.

    La bonne idée en mathématique : par la présentation, il y a des phénomènes de mimétisme. C’est un élément de la construction d’une première culture commune.

    Etre émancipé c’est agir en connaissance de cause, c’est l’objectif de la pédagogie Freinet.

     

    Pour finir, l’équipe d’intervenant-e-s nous a présenté des outils (que l’on peut retrouver dans le hall du PHITEM), notamment des supports pour l’enseignant-e, comme les DVD Pratiques Freinet en maternelle et Chantiers Maternelle, une revue qui n’est malheureusement plus éditée mais qui est consultable sur le site ICEM-pédagogie Freinet dans la rubrique Archives.

     

    Vous pouvez rencontrer le secteur maternelle tout au long du congrès. Les intervenants participeront à une « rencontre avec » jeudi 24 de 14h30 à 15h30 en salle 006.

    ________________________________________________________________________________

     

    secteur maternelle

    secteur.maternelle@icem-freinet.org

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org

    sylvie.pralong@icem-freinet.org (liste échanges de pratiques)

     

    Mathilde et Ingrid

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  • Rencontre avec… Monsieur Math

    Les mardis de Monsieur Math

     

    Chers congressistes, bonjour, 

     

    Ce mardi de début de congrès, Monsieur Math est inquiet. Il s’interroge sur son avenir.

    Ceux qui sont inscrits (nombreux) sur Vivamath, vous le connaissez. Vous avez lu les billets qu’il faisait paraitre le mardi pour tenter de montrer les mathématiques sous un angle différent.

     

    L’autre objectif était d’animer cette liste dédiée à ceux qui s’intéressent aux mathématiques et à leur enseignement.

    Ces rubriques étaient certes irrégulières, mais elles semblaient lues au moins par certains et plusieurs demandaient à les rediffuser dans leurs groupes départementaux.

     

    Sur la liste Vivamath les retours étaient rares. Trop rares ? Enfin, pas plus que les échanges entre colistiers, le plus souvent inexistants…

    Les maths ça ne compte donc pas ? Les mathématiques n’intéressent-elles pas les enseignants Freinet au-delà de l’application du programme ? Elles sont pourtant un enjeu majeur et tiennent une place significative dans le projet philosophique et politique de l’ICEM, dans une perspective d’éducation populaire.

     

    Alors, M. Math sortira-t-il du cercle ? Prendra-t-il la tangente ?

    Il propose de vous rencontrer, jeudi 24, de 14h30 à 15h30, pour échanger car peut-être avez-vous des réponses à ses interrogations ?

     

    Bonne semaine mathématique au congrès !

    Monsieur Math

    Monsieur Maths

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  • Impressions de quelques mexicains présents au congrès

     

            Arriver à Grenoble : quelle aventure ! Nous ne parlons pas français, c'est ce qui ne nous a pas rendu service... Deux collègues franco-uruguayennes et une prof de français nous ont rattrapé au vol et nous ont merveilleusement bien conduits jusqu'ici. Un grand merci à elles (Andréa, Virginie et Ghislaine) et à l'ICEM.

     

          Ce qui est surprenant, c'est de voir les professeur-es des écoles français-es, tout comme les collègues venu-es d'autres pays, évoluer dans cette ambiance festive. On est surpris de rencontrer des centaines de disciples de Freinet qui tissent les principes de l'école moderne. Surprenant également : le thème du 53ème congrès, l'émancipation. On observe avec admiration votre engagement dans l'éducation : vous le faites avec goût, avec plaisir et cela se propage !

     

            Il y a 100 ans, donc, Freinet a impulsé la coopération bien au-delà de sa salle de classe et il a contaminé d'autres collègues, pour faire de son rêve une réalité. C'est pourquoi il est si surprenant pour nous que la vie coopérative entre ''freinettistes'' perdure, ce n'est pas seulement ce que nous avons lu dans les livres de Célestin Freinet : c'est observer cet esprit de manière réelle, tangible, concrète. Dans chaque parole, attitude, atelier, conférence, salutation se transmet ce goût, ce plaisir...

     

           Nous réaffirmons donc que c'est possible, depuis nos groupes des autres pays et en France, de contribuer à changer notre société, dans l'attente de relations plus égalitaires et justes pour tous-tes. Former un groupe n'est pas juste un fait didactique, mais c'est aussi un engagement éthique et politique.

     

           Nous valorisons donc l'effort, la passion et l'engagement des exilés espagnols qui ont fait voyager les techniques Freinet jusqu'à Mexico depuis les années 1940 : José de Tapia, Patricio Redondo et Ramón Costa Jou. Nous reconnaissons aussi la valeur, le travail de Graciela González et de Tere Garduño : ce sont eux qui ont hérité et répandent aujourd'hui cette pédagogie. Vos paroles ont de la valeur, l'exemple perdure dans nos esprits et dans la pratique de nos collègues. Tout ceci se répand et rend possible ce qu'Ernest Bloch appelle le « principe d'espérance » :

     

          « L'espérance, c'est un principe systémique, un principe de mobilisation d'une humanité qui n'a pas de raison de se conformer à son sort ».

     

               Cette envie de construire un monde meilleur reste d'actualité. Ce n'est pas grave, si José de Tapia, Patricio Redondo o Ramón Costa n'y sont pas encore pleinement arrivés. Ce sont eux qui l'ont rendu possible pour eux-mêmes mais aussi en partageant avec d'autres leurs histoires et leurs propositions, qui nous renvoient à l'idée de Bloch : « Ce qui est important, c'est d'apprendre à espérer ». A espérer aujourd'hui qu'un présent construise cette possibilité d'émancipation.

     

     

    Marco Esteban Mendoza Rodríguez et Rogelio Estrada Pardo

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  • Table Ronde - Domination, Emancipation

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